« …et réfléchissez bien… »

20.12.2008

En dépit de mes nombreuses occupations intello-ménagères - rappelez-vous, je gère mes stocks de nourriture et de linge selon le concept fifo - je poursuis ma recherche d’appartement en essayant de faire une visite par semaine au moins. Le mari m’a donné pour mission de « déblayer le chemin » (je suis son O.S.) et de lui faire un rapport le soir. Lorsqu’un appartement me semble correspondre à un possible futur nid douillet, je reprends contact avec l’agence pour un rendez-vous le samedi suivant et l’Homme peut visiter à son tour. Cette stratégie a plutôt bien fonctionné jusqu’à maintenant, mais ma dernière mission a échoué et je n’ai pas pu visiter l’appartement que je prévoyais de voir avant Noël. Mon approche a pourtant été similaire : sympathique, souriante, avenante dirais-je même, afin de mettre le commercial dans un bon état d’esprit et obtenir une éventuelle ristourne (c’est Noël, on peut rêver). Mais cette fois-ci le commercial était une commerciale. Ceci n’est pas en soi un problème, mais c’était une commerciale paresseuse, flemmarde et cossarde. En un mot, une espèce sédentaire bien enracinée.
Au téléphone, cela commençait mal, déjà. La demoiselle ne savait pas où se trouvait l’appartement dont je lui parlais.
- « Attendez, je prends mon plan ».
Quand elle a vu que la rue en question ne se trouvait pas à portée de branche mais à 6 minutes en transports en commun de son agence (soit 4 stations à 1,5 min. par station), l’envie n’était déjà plus si franche
- « Vous êtes sûre de vouloir le visiter ? »
- « Non, en fait c’était ma pause casse-croûte et j’ai numéroté au hasard pour parler à quelqu’un », ai-je pensé. Mais j’ai dit :
- « Oui, je voudrais le visiter pendant la semaine et s’il me plaît, je retournerai le voir avec mon mari un samedi matin. » Que n’avais-je pas dit là ! Deux visites au lieu d’une seule, c’était beaucoup trop !
- « Ah, cela ne va pas être possible, le samedi matin, je ne fais pas de visite. »
Un peu énervée, mais cherchant à avancer, j’ai alors proposé à la demoiselle de me dire à quel numéro se trouvait l’appartement pour aller voir l’état de l’immeuble de l’extérieur et vérifier si une caserne de pompiers ou une station d’épuration n’avaient pas choisi la même rue pour s’installer (j’aime bien les pompiers, mais pas leur camion).
- « Je ne peux pas vous donner le numéro de la rue, Madame. »
Ahhhhh ! Je sens que ça monte, je vais m'énerver !!
- « Bon, je vais voir si mon mari peut visiter en semaine et je vous rappelle. »
- « C’est ça, Madame, … et réfléchissez bien. » Clic. Elle avait raccroché.
Le « réfléchissez bien » était en trop et j’ai soudain senti mon corsage se déchirer au niveau des bras, de la poitrine et du dos, et telle Hulk, j’ai crié en raccrochant mon téléphone que cela ne se passerait pas comme ça ! Alors, j’ai mis un tee-shirt et je suis retournée sur le site internet où j’avais vu quelques photos. L’une d’elles, prise de l’intérieur, montrait l’entrée de l’immeuble avec un miroir et des plantes, et en arrière plan, une porte de garage verte de l’autre côté de la rue. Ma vengeance était faite. J’allais trouver le numéro et rappeler en disant « je voudrais visiter l’appartement en vente au 12 rue de la Cossarde !! ». Mais il fallait d’abord trouver cette fameuse porte de garage verte. Alors, j’ai pris ma redingote, mon chapeau et ma pipe, et comme Sherlock, je suis sortie en riant entre mes dents. J’ai trouvé en 6 minutes, soit l’équivalent de 4 stations, mais rien qu’à l’extérieur, je ne pense pas que ce sera celui-là. Pourtant, j’ai bien envie d’appeler après le réveillon juste pour le plaisir de dire ma petite phrase, en précisant que j’ai bien réfléchi et que je veux le voir. Mais finalement, il aura un GROS défaut et il ne nous plaira pas.
Je sais, je suis diabolique, mais ce n’est pas parce que c’est Noël qu’il faut me prendre pour une dinde.

Voici ce qui reste de ma chemise... (photo Main verte)