Une amie m’a dit ce midi qu’un jour, sa fille de 6 ans a fait un dessin représentant des poissons morts ! Intriguée, mais ayant des relations haut placées, la maman a montré le dessin à une amie médecin qui l’a montré à un ami psychologue. Résultat : il fallait interner. Alors que l’ambulance attendait et que trois infirmiers s’apprêtaient à emmener la petite avec une camisole de force, la mère a soudain hésité et demandé à sa fille, entre deux sanglots, pourquoi elle avait dessiné des poissons morts alors qu’elle n’avait jamais manqué de rien et qu’elle avait même reçu un MP3 à Noël. La fillette répondit qu’elle avait dessiné des poissons morts car la rivière était polluée. Comprenant que sa fille n’était pas folle mais, au contraire, très sensée, la mère a renvoyé les infirmiers et s’est jurée de ne fréquenter que des personnes ayant raté dans la vie. C’est à ce moment-là qu’elle est devenue mon amie.
Quel est donc ce Monde où l’on veut enfermer les défenseurs de l’environnement ? Pourtant, nous sommes tous des écologistes en puissance. Mon père, par exemple, n’allume jamais ses feux en voiture, même quand il commence à faire sombre. Ça use les ampoules. Il n’y a que lorsqu’on lui fait des appels de phare parce qu’il a fait peur à tous les autres automobilistes qu’il décide d’allumer. Il ne met alors que ses veilleuses. On le prend donc pour deux mobylettes, mais ce n’est pas grave, les gens n’osent plus doubler et c’est déjà plus sûr. Du coup, dans la voiture, on se sent mieux. Ma mère lance alors le CD de Charles Aznavour et même l’enfant chante alors qu’il ne connaît pas les paroles !
C’est très facile de se moquer, me direz-vous. Mais je me le permets car moi aussi, je suis écolo dans mon genre. En voiture, par exemple, je ne freine pas. Le mari dit que je n’accélère pas non plus, mais ce n’est pas vrai. J’accélère progressivement et ça consomme moins. Ensuite, j’utilise le frein moteur pour freiner et je rétrograde. Cela s’appelle de l’anticipation et on y gagne aussi en souplesse de conduite. D’ailleurs, ma conduite est tellement douce que tout le monde s’endort au bout de trois minutes quand je conduis, surtout le mari qui a confiance, alors que moi je voulais qu’on parle. Donc, quand j’en ai assez de le voir dodeliner de la tête du coin de l’œil (car je regarde droit devant moi), je freine d’un coup pour le réveiller et jusqu’au bout du voyage, il est attentif à mon discours et à la circulation.
Conduire en souplesse est écologique. On a calculé : sur un trajet de 150 km, il nous faut 1h15 avec le mari et trois pleins d’essence. Avec moi, on met 1h25 et il reste encore la moitié du réservoir pour faire le retour. Du coup, pour les longs voyages, c’est moi qui conduis le plus souvent. J’aime bien être aux commandes car, comme dit le mari, c’est celui qui conduit qui est le chef. Alors quand je veux écouter la musique, on l’écoute au volume qui me convient, c’est-à-dire pour les sourds (sinon ça me saoule). L'hiver, on met à 18°C car je chauffe quand je conduis. C’est la concentration. Les autres sont obligés de mettre un passe-montagne et une couverture sur leurs genoux, mais la règle c’est la règle. Quand j’ai soif, c’est le mari qui ouvre la bouteille et quand j’ai faim, il me donne la becquée. Pour le vent, on le met aux pieds car ça me gêne quand je l’ai dans le nez.
Je ne vous raconte pas quand le mari reprend le volant ! Il met d’abord à fond la climatisation pour se réchauffer les doigts de pieds car il dit qu’il ne les sent plus ! Ensuite, il remet tout le vent vers la tête car il a eu du mal à respirer avec son passe-montagne pendant tout le temps où j’ai conduit. Ça consomme ! Un peu plus tard, il met sa musique à lui, à un volume bien trop élevé à mon goût, mais la règle, c’est la règle. Je ne dis rien. De toute façon, j’obtiens ma vengeance à la prochaine pompe à essence… et j’en profite pour baisser le son quand il sort faire le plein ! Bref, d’un point de vue comme d’un autre, être écologique, ça paye. Il n’y a qu’une seule chose pour laquelle je ne suis pas écologique : les arrêts pipi. J’ai lu récemment qu’il valait mieux faire le trajet avec le moins d’arrêts possible car on consomme plus en relançant la voiture plutôt qu’en restant en vitesse de croisière. Mais là, je n’y arrive pas. Cet argument a pourtant touché le mari qui, d’un coup, est devenu écolo. Depuis, quand une demi-heure après le départ je lui dis que j’ai envie de faire pipi, il me répond : tu te retiens, c’est pas écologique !
Vivement qu’on passe à la voiture électrique.

Mine de rien, cette plante travaille pour nous : elle assainit l'air de l'appartement ! (photo Main verte)