Du catch dans le placard

29.10.2008

On dit que le jardinage, ça détend. Mais la culture en appartement, ça peut être dangereux aussi. La preuve. Depuis hier, j’ai un nez de bœuf cyanosé et du double de sa largeur habituelle. Tout le monde me demande si c’est le mari qui a eu la main un peu lourde. Pas du tout ! Le mari est le plus gentil de tous les maris. Mon nez cabossé, c’est à cause de mes plantes.

J’avais presque terminé de rempoter la menthe dans le salon et je n’avais même pas mis un gramme de terre à côté quand, au moment de me relever, j’en ai mis une motte entière sur le parquet. Ah ! Pourquoi ne l’ai-je pas fait dans l’évier ? Il y en a partout maintenant, je voulais aller plus vite, je vais devoir passer l’aspirateur en plus, bravo la jardinière du dimanche ! En colère contre moi-même, je suis allée chercher l’aspirateur dans le grand placard de l’entrée (la « sous-location » comme on l’appelle, car on peut entrer en entier dedans).
Au commencement, le placard était bien rangé avec les chaussures à gauche, les manteaux suspendus au milieu et, à droite, l’aspirateur que je ne démonte pas à chaque fois (comme faisait ma sœur, faute de place) car passer l’aspirateur n’est déjà pas amusant, alors en plus s’il faut faire un jeu de construction avant, c’est encore pire.
Bref, au commencement, le placard était bien rangé et il était très facile d’extirper l’aspirateur en prenant d’une main le manche et son tuyau et de l’autre le corps de l’appareil en agrippant la poignée du dessus. Mais le commencement n’a duré que l’espace du commencement et n’a pas tenu bien rangé au-delà de deux jours. Aujourd’hui, à chaque fois que l’un de nous veut attraper une paire de chaussures, il doit d’abord se livrer à une partie de catch avec les manteaux, se battre contre une montagne de chaussures et de chaussons sens dessus dessous - et ne trouver la deuxième chaussure qu’au prix de grands efforts ou bien ne pas retrouver la deuxième chaussure et décider que finalement, les tongs en novembre, ça ira très bien.
Pour extirper l’aspirateur, c’est aussi beaucoup plus difficile. Il y a toujours quelque chose qui coince. On dirait qu’un monstre tapi au fond du placard ne veut pas qu’on s’empare de son aspirateur. Il faut donc être en forme pour réussir à le sortir de là. En forme, ou en colère. Cette fois-ci, j’étais en colère. J’ouvre donc le placard, j’écarte d’un bras rageur les manteaux qui avaient essayé de faire un premier barrage. De l’autre main, j’attrape le tuyau de l’aspirateur, puis, lâchant les manteaux et glissant mon corps entre eux et la machine, je saisis la poignée et je commence à tirer. Blocage. Des bottes nouées entre elles (par le monstre du placard ?) font pression sur l’appareil. Impossible de le sortir. Je dois donc saisir la poignée à deux mains et tirer plus fort encore. Comme je n’ai pas trois bras, je lâche le tuyau et je me penche au-dessus de l’aspirateur. Grossière erreur. Le tuyau qui d’habitude tient sagement appuyé sur le mur va cette fois-ci dans l’autre direction et me met un direct sur le nez. Vainqueur par K.O. Je ressors du placard en me tenant le nez entre les mains. Du coup, la colère est passée.
Finalement, j’ai ramassé la terre avec une pelle et une balayette et je crois que je vais attendre que mon nez dégonfle avant de retoucher à l’aspirateur du monstre du placard.

Je suis allée à la piscine incognito, si vous m'avez reconnue, ne dîtes rien !

(photo Main Verte)