Etes-vous plutôt fifo, lifo ou philo ?

05.12.2008

Le mari et moi, quand nous étions jeunes, sveltes, doux au baiser… et que l’enfant n’était pas encore né, nous passions des soirées formidables. Non, non, non, ce n’est pas du tout ce à quoi vous pensez ! Nous parlions. Nous avions des discussions très intéressantes, notamment sur les systèmes de gestion des stocks des entreprises.
Mon chéri m’expliquait : il existe différents systèmes pour gérer les stocks en entreprise : le « feurst ine, feurst aout » (« first in, first out » pour les puristes) que l’on abrège en fifo. Cela veut dire « premier entré, premier sorti ». En clair, la première fourniture stockée dans l’entreprise est celle qui est utilisée en premier dans la fabrication.
- Ca me paraît logique, répondais-je, pâmée mais attentive.
- Il y a aussi le lifo : « last in, first out », c’est-à-dire « dernier entré, premier sorti ».
- Ce n’était pas la peine de le ranger alors ! l’interrompais-je, suivant ma logique pragmatique.
Aujourd’hui, je ne sais plus pourquoi certaines entreprises font du lifo mais à l’époque, j’avais tout compris et j’aimais bien cette façon musicale d’appeler ces systèmes de gestion. C’est pourquoi, après avoir écouté mon chéri, je rentrai chez moi en chantonnant « fifo, lifo, pipo, et moi j’fais d’la philo ! » Une autre fois, mon chéri m’expliquait que les entreprises pratiquent aussi le flux tendu, c’est-à-dire qu’elles ne commandent les pièces ou les fournitures que peu de temps avant d’en avoir besoin pour éviter les stocks.

Toutes ces explications sont restées ancrées dans mon esprit et lorsque nous nous sommes mariés, j’ai décidé d’appliquer le système de gestion fifo pour les courses et le linge, le tout en flux tendu. En clair, lorsque je vois que le stock baisse dramatiquement dans le frigo, je réapprovisionne mais sans faire de stocks car mon panier à course étant ce qu’il est, je ne peux prendre qu’un exemplaire de chaque chose (et de toute façon, ce serait trop lourd). Il n’y a que pour le lait et l’eau où il faut de l’avance. Le week-end, je demande à l’animal de bât de service - le mari - de bien vouloir aller en acheter. S’il est en déplacement, c’est l’âne avec son petit nuage au-dessus de la tête qui s’en charge…
Pour le linge, j’attends que les étagères se vident et lorsqu’il ne reste qu’un stock de chaussettes, de culottes et de T-shirts pour deux jours, je fais trois machines et je repasse le lendemain en flux tendu. En revanche, quand je range les affaires repassées, je fais du lila (je savais bien que je parlerais de fleurs), à savoir du « last ine, last aout » (dernier entré, dernier sorti.) Ce système est parfait pour le linge de l’enfant car on va au bout de la pile d’affaires et il n’y a plus de risque de se retrouver avec des T-shirt taille 2 ans quand il en a 18.
Mais avant-hier, j’étais malade et la chaîne du flux tendu a été interrompue ! Résultat, on s’est retrouvé avec deux yaourts pour trois et un fond de pot de confiture pour dîner et avant d’aller au lit, quand le mari préparait ses affaires pour le lendemain, il m’a dit « j’ai plus de caleçon !! » J’ai fait celle qui était malade et qui n’avait rien entendu… Quant à l’enfant, c’est un gestionnaire né, il fait du lifo depuis le début : il ne range rien !
Finalement, on aurait peut-être dû faire un enfant tout de suite, quand on était jeune et doux au baiser. La maison serait peut-être mieux rangée aujourd’hui.

Etat du stock chaussette au 5/12 (photo main verte)